Le 26 septembre 2019, la société MILODIS (SIREN 877 622 571) inaugurait son Carrefour Express rue du Docteur Caillard à Carentan-les-Marais. Sous la direction de Paul Michenaud, cette SARL au capital de 63 742 euros et employant trois à cinq salariés s’est imposée comme un acteur clé du commerce alimentaire de proximité dans la Manche. L’acquisition de son fonds de commerce en 2024 pour 380 000 euros marque une étape décisive dans la consolidation de son modèle économique.
Implanté stratégiquement au cœur de la commune, ce supermarché propose une gamme complète de produits alimentaires de première nécessité, répondant aux besoins quotidiens des habitants du bourg. Au-delà de sa fonction commerciale, MILODIS se distingue par ses engagements responsables, matérialisés par les labels « Professionnels du Bio » et « Engagée ».
Milodis : un Carrefour Express bien placé
Le Carrefour Express MILODIS est situé rue du Docteur Caillard, un axe de circulation principal de Carentan-les-Marais. Cette artère traverse le centre-ville et dessert les quartiers résidentiels, garantissant un flux constant de piétons et d’automobiles. La proximité immédiate des services publics, des écoles et des autres commerces de proximité renforce l’attractivité de ce supermarché de proximité.
Son accessibilité constitue l’un de ses atouts commerciaux majeurs. Le supermarché bénéficie d’un parking, élément crucial dans une commune où la voiture reste le mode de déplacement principal. Les habitants des hameaux environnants trouvent ici une solution pratique pour leurs achats alimentaires sans rejoindre les grandes surfaces périphériques de Saint-Lô ou Bayeux, distantes respectivement de 35 et 25 kilomètres.
La zone de chalandise s’étend sur un rayon de 8 à 10 kilomètres, englobant les communes limitrophes comme Saint-Côme-du-Mont, Brévands et Isigny-sur-Mer. Cette configuration territoriale permet à l’enseigne MILODIS de capter une clientèle diversifiée : actifs faisant une pause déjeuner, retraités privilégiant les courses de proximité et touristes visitant les sites du Débarquement.
La taille de Carentan-les-Marais, une commune de 5 000 habitants, explique la pertinence d’un format intermédiaire entre épicerie de village et hypermarché.
Modèle économique et données financières
MILODIS a démarré son activité en septembre 2019 sous la forme d’une location-gérance, un statut permettant d’exploiter un fonds de commerce sans supporter immédiatement le coût d’acquisition des murs. Cette phase a duré cinq ans, période durant laquelle Paul Michenaud a pu éprouver la viabilité du concept, choisir les produits proposés et fidéliser une clientèle.
L’acquisition du fonds de commerce en 2024 pour 380 000 euros a marqué un tournant. Cet achat inclut les équipements frigorifiques, le mobilier commercial, les stocks et la clientèle.
Le capital social de la SARL MILODIS de 63 742 euros reste modeste, mais cohérent pour un supermarché de proximité. Le personnel se compose de trois à cinq salariés autour de Paul Michenaud assurant la fonction de gérant.
La publication des comptes annuels au greffe du tribunal de commerce témoigne d’une gestion transparente. Les annonces au BODACC (Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales) confirment le respect des obligations légales, un élément rassurant pour les fournisseurs et les banques.
Le modèle économique de MILODIS repose sur des marges serrées typiques du commerce alimentaire de proximité, compensées par des clients qui reviennent faire leurs courses plusieurs fois par semaine.
Une offre alimentaire adaptée aux besoins quotidiens
Le rayon fruits et légumes occupe l’entrée du magasin, avec une sélection de produits de saison renouvelée trois fois par semaine. Les étals présentent des tomates, salades et pommes de terre en vrac, complétés par des fruits classiques : pommes, bananes, oranges selon les périodes.
Le secteur boucherie-charcuterie propose des viandes en barquettes sous film plastique : steaks hachés, côtes de porc, poulets entiers ou découpés. La provenance française est mise en avant sur l’étiquetage, argument commercial apprécié d’une clientèle attachée aux circuits courts. Les charcuteries traditionnelles (jambon blanc, pâté, saucisson) complètent l’offre en produits carnés.
Les rayons des aliments secs alignent les marques nationales aux côtés des produits de la marque distributeur Carrefour (Carrefour bio, Reflets de France, Simpl, Carrefour Veggie, etc.).
Le rayon boissons propose des packs d’eau minérale, sodas, bières locales et vins de table. Le coin cave présente quelques bouteilles de crus normands et des bordeaux pour les repas du dimanche. L’hygiène-beauté occupe une allée complète avec des lessives, shampoings et produits pour bébés.
Les horaires d’ouverture couvrent une plage allant de 8 h à 20 h du lundi au samedi, avec une ouverture le dimanche matin.
Milodis : un supermarché engagé
Ce Carrefour Express arbore deux certifications sur sa devanture : « Professionnels du Bio » et le label « Engagée ». La première atteste d’une formation spécifique du personnel aux produits biologiques et garantit un approvisionnement auprès de filières contrôlées. Concrètement, cela signifie qu’un rayon dédié propose des pâtes, farines, huiles et biscuits certifiés AB, ainsi que quelques fruits et légumes bio.
Le label « Engagée » valide des pratiques en matière de gestion des déchets et de réduction du gaspillage alimentaire ainsi que d’approvisionnement local. Le magasin travaille avec des producteurs du Cotentin pour les œufs, les produits laitiers et certains légumes de saison. Les produits proches de la date limite sont soldés, plutôt que jetés.
Ces deux labels de produits écoresponsables répondent à une demande croissante d’une partie de la clientèle, notamment les jeunes couples. La mise en avant de ces engagements constitue également un atout face aux hypermarchés. Ils donnent au supermarché MILODIS une image de commerçant responsable et de proximité, ancrée dans les réalités du territoire. La clientèle est prête à payer quelques centimes d’euros de plus pour des garanties sur l’origine et la traçabilité des productions alimentaires qu’elle consomme quotidiennement.
Une santé financière tendue
Les documents déposés au greffe du tribunal de commerce révèlent une situation financière difficile, caractéristique des petits supermarchés en zone rurale. Le chiffre d’affaires oscille entre 800 000 et 1 million d’euros selon les exercices, mais les marges restent très serrées. Dans le commerce alimentaire de proximité, les charges fixes (loyer, personnel, énergie) pèsent lourd face aux hypermarchés qui pratiquent des prix agressifs.
Le bilan de MILODIS fait apparaître des capitaux propres modestes et un recours régulier au crédit de trésorerie pour financer le cycle d’exploitation. Cette dépendance bancaire expose l’entreprise aux variations de taux d’emprunt et aux décisions des banques. Le résultat net oscille entre l’équilibre et de légers bénéfices, insuffisants pour constituer des réserves substantielles ou investir massivement dans la modernisation du point de vente.
L’absence de procédure collective depuis la création témoigne néanmoins d’une gestion prudente. Les dirigeants parviennent à honorer leurs échéances et à maintenir l’activité malgré un environnement économique difficile. Le respect scrupuleux des obligations déclaratives (BODACC, dépôt des comptes annuels) rassure les partenaires commerciaux et les fournisseurs qui acceptent de consentir des délais de paiement.
Une direction qui connaît son métier
Le dirigeant de MILODIS, Paul Michenaud, cumule quinze ans d’expérience dans la grande distribution, passé par les rangs de chef de rayon puis directeur adjoint dans une enseigne nationale avant de reprendre ce commerce de proximité. Ce parcours lui confère une connaissance des pratiques du secteur de l’alimentaire : négociation avec les centrales d’achat et gestion des stocks.
Au quotidien, la gestion d’un supermarché de proximité repose sur des équilibres à trouver. Les commandes doivent être ajustées semaine après semaine selon le volume de ventes enregistré en caisse. Une attention toute particulière doit être apportée aux produits frais dont la durée de vie est limitée et qui imposent donc des rotations rapides.
Les invendus représentent une perte sèche, tandis qu’une rupture de stock sur un produit courant risque de pousser le client à aller voir la concurrence de façon définitive. Cette vigilance permanente exige une présence de tous les instants dans le magasin et une grande réactivité.
La politique tarifaire navigue entre deux écueils : s’aligner sur les prix des grandes surfaces pour rester compétitif, tout en préservant une marge suffisante pour couvrir des charges plus élevées qu’un hypermarché. Le dirigeant joue sur certains produits d’appel (lait, pâtes et pain) proposés à prix coûtant, voire à perte afin d’attirer la clientèle. Le manque à gagner sera rattrapé sur d’autres articles où les clients comparent moins : produits d’entretien, conserves de marque et articles de droguerie.
Les promotions changent chaque semaine, avec un calendrier pensé : juste après les versements des salaires, ou les jours de marché quand les gens passent en ville. L’objectif reste simple : faire entrer du monde dans le supermarché et espérer qu’une fois dans le magasin, le client remplisse son panier ou son caddie au-delà des seules promotions du moment.
Les décisions d’investissement s’appuient sur les données issues du logiciel de caisse : quels rayons fonctionnent, quels produits stagnent, quelles heures concentrent le plus d’affluence. Ces informations précieuses guident les choix des produits et l’organisation des équipes. Cette lecture approfondie des chiffres de vente oriente la stratégie commerciale de ce point de vente situé à Carentan-les-Marais.
Le mot de la fin
Cinq ans après son ouverture, MILODIS illustre les difficultés du commerce alimentaire de proximité. Malgré un ancrage territorial fort et une clientèle fidèle, les chiffres de ce petit supermarché situé en Normandie parlent d’eux-mêmes : des marges serrées, des capitaux propres modestes, une dépendance au crédit bancaire et des résultats à peine à l’équilibre.
L’acquisition du fonds de commerce en 2024 témoigne d’une volonté d’ancrage territorial, mais la situation financière laisse peu de marge de manœuvre en matière de croissance. Chaque hausse de l’énergie, chaque inflation sur les matières premières, chaque promotion agressive d’un hypermarché de Saint-Lô menace un équilibre bien fragile.
Ce Carrefour Express reste néanmoins indispensable pour Carentan-les-Marais (Manche) : il évite aux habitants de parcourir des dizaines de kilomètres pour leurs courses et maintient de l’activité dans le centre de ce gros bourg de 10 000 habitants. La pérennité de ce type d’établissement dépendra de sa capacité à préserver ces marges étroites face à une concurrence toujours plus agressive des hypermarchés. La superette MILODIS n’est pas un cas isolé : elle est le reflet des petits commerces de bouche sous tension de la France rurale.